dit Tam-Tam (in memoriam Franck Pollet) par PG iz neR

Franck Pollet, plus connu par certains sous le surnom de Tam-Tam, est mort le 14 mars 2000. Pendant plus de 10 ans il aura hanté, souvent au premier rang, la scène musicale, fréquenté assidûment tout ce qui avait trait à l'art expérimental, mais aussi les scènes de la chansons française sous toutes ses formes, les vernissages, tentant d'exténuer du mental, à sa périphérie, la question d'y avoir un corps, l'absence problématique de l'Esprit, d'un sens général, malmenant à l'occasion les mots, adepte des jeux de mots, les concaténant pour leur faire cracher le peu de sens, le trop de sens dont il percevait les échos, s'intérogeant sur ce qu'il peuvent y nommer. Soutier, contrebandier et passeur de l'art et du sens brut, à la limite de l'intaisable et de l'intarissable, il a tenté d'en saisir, d'en stocker quelques traces, refusant d'assagir le tumulte de l'information, se confrontant certainement avec obstination à l'impossible de la sérénité, la difficulté d'être sage, miscible, d'y trouver un but, une place. Il en a tout de même tenu quelques rubriques, en journaliste gonzo improbable, urbi orbi (radios locales, fanzines).

Vu par beaucoup, énigmatique voir inquiètant pour plus d'un, connu de quelques autres, rarement en repos, il se sera tenu en lisière de la scène, mais trés près, et même un pied dedans-dessus, art-mateur irréductible. De l'obvie - volontaire obvié, tel était son retrait - certitude du doute, il transportait sa scène personnelle, quasi officieuse mais ouverte, à la limite de prendre pied véritablement dans une pratique établie, intégrable. Entre tout et rien, une place pour s'arranger, le mystère d'une vie. Il a incarné l'énigme du moment, la quête d'un but. L'épuisement l'a rattrapé.

Mais quelque chose demeure de l'inadmissible, non pas uniquement de sa mort précoce, mais de la furie du sens et de son évanouissement auxquels il semblerait qu'il fut sensible, quasi personnage incarné de ce dilemme qui nous concerne, qui fait que chacun, en propre, marche à la frontière d'une tempête universelle, dans la foule et seul, dans une époque et son épochè. Il est tentant et certainement facile d'y voir un côté Sancho Quichotte... Dans cette Furie de l'époque et son évanouissement qui furent pour lui concrets, il aura préféré à la confrontation impossible avec laquelle il n'a peut-être même pas eu la tentation de tricher, une mise à l'écart partielle, conflictuelle et en partie volontaire. Insensé ? Certainement pas. Le fait est qu'il n'a pas survécu.

La où la raison s'annonce faible à expliquer, la mémoire et sa limite peuvent témoigner dans le parcellaire, le fragment, la limite de dire quelques mots, déposer quelque bribes, une impression...

Il y a des messages que l'on entend pas, qui nous mettent à mal, figures incarnées des surgissements de l'absence, de la traversée vers un ici qui nous manque.

Il aura été témoin et acteur, de cette gesticulation en suspension... nous allons tenter de restituer quelques traces de ce qu'il aura récolté en partie à corps, social, perdu.